Les anomalies du menton
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26 mai 2020
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Le menton est un élément essentiel de l’harmonie faciale ; il contribue à donner au visage son caractère et sa personnalité.
Certains qualificatifs appliqués au menton sont d’ailleurs utilisables pour décrire le caractère d’une personne : on parle par exemple de menton « volontaire » ou de menton « fuyant ».
Anatomiquement, le menton est constitué par l’extrémité antérieure de la mâchoire inférieure (la symphyse mandibulaire). Pour autant, il ne peut être réduit à une simple proéminence osseuse, et ne doit pas être étudié indépendamment du reste de la face.
Ainsi, pour bien analyser les anomalies du menton, il faut étudier 4 paramètres :
- le menton osseux, dans les trois plans de l’espace
- les rapports maxillo-mandibulaires à la recherche d’une dysmorphose
- les tissus mous de la région cervico-mentonnière (peau, pannicule adipeux)
- la forme et la projection de la pyramide nasale
Examen clinique et principaux diagnostics
1. Le menton osseux
L’analyse se fait dans les trois plans de l’espace : sagittal, vertical, transversal.
- Dans le sens sagittal :
Le menton peut être trop en avant (progénie) ou trop en arrière (rétrogénie).
- Dans le sens vertical :
L’anomalie la plus fréquente est l’excès de hauteur du menton (hypsogénie).
- Dans le sens transversal :
Le menton peut être trop large (macrogénie), trop étroit (microgénie), ou asymétrique (latérogénie).
Ces différentes anomalies sont fréquemment associées entre elles (ex : menton trop haut et trop reculé).
2. Les rapports maxillo-mandibulaires
Il est fondamental d’étudier la position du maxillaire et de la mandibule, ainsi que l’occlusion dentaire, notamment en cas d’anomalie sagittale du menton.
Le menton constitue en effet l’extrémité antérieure de mandibule (la symphyse mandibulaire).
Les anomalies de la mandibule sont fréquemment responsables du mauvais positionnement du menton : une mandibule en retrait (classe II) donnera souvent un menton en retrait, et inversement une mandibule en avant (classe III) donnera l’impression d’un menton proéminent.
Cette règle connaît des exceptions, notamment les classe II avec progénie relative, dont le traitement est différent (ostéotomie bi-maxillaire).
Les anomalies du maxillaire, notamment verticales, peuvent également générer des anomalies de position du point menton (phénomène « d’auto-rotation mandibulaire »).
Ainsi, dans certaines circonstances , la correction du menton nécessite surtout le repositionnement de la mandibule ou du maxillaire, sans forcément réaliser de génioplastie.
3. Les tissus mous
Pour bien analyser le menton, il faut prendre en compte les tissus mous, notamment la présence d’un empâtement cervico-mentonnier, en particulier lorsqu’on envisage une génioplastie de réduction.
En effet, un recul symphysaire (tout comme un recul mandibulaire) va diminuer le soutien cutané, et peut générer une ptose disgracieuse (double-menton, voire « witch chin »). Ceci est particulièrement vrai chez les patients présentant un empâtement cervico-mentonnier.
4. L’analyse du nez
La perception du menton étant fortement influencée par la projection du nez, ces deux sous-unités anatomiques doivent être analysées conjointement. Pour « caricaturer », un menton reculé donnera l’impression d’un nez volumineux… et sa correction par génioplastie atténuera cette impression.
Inversement, la modification de la projection nasale par rhinoplastie modifiera la perception que l’on a du menton. L’intrication de ces deux structures anatomiques est au cœur de ce que l’on appelle les profiloplasties.
Ainsi, après avoir analysé le menton, on caractérisera la projection de la pointe du nez, l’angle naso-labial, la morphologie du dorsum nasal, ou encore la présence d’une bosse ostéo-cartilagineuse.
Quelle est la place des examens complémentaires ?
Le diagnostic des anomalies du menton est essentiellement clinique, c’est-à-dire qu’il repose principalement sur l’examen du patient au cours d’une consultation.
Les examens d’imagerie ont toutefois un intérêt, comme de préciser la position des trous mentonniers (l’endroit où rentrent les nerfs sensitifs de la lèvre du menton), ou la position des racines dentaires.
Les analyses céphalométriques, osseuses ou cutanées, ont un intérêt plus limité. Il est en effet établi que la forme du menton osseux avait plus d’importance que la normalité « céphalométrique » du point menton.
Comment corriger les anomalies du menton ?
La prise en charge des anomalies du menton fait l’objet d’un autre article sur ce site.
La chirurgie du menton est appelée génioplastie. Comme nous l’avons vu, la correction du positionnement du menton nécessite parfois le repositionnement du maxillaire ou de la mandibule.
Il importe donc de poser un diagnostic précis dès le départ afin de proposer le geste adapté.
Le Docteur J. Chardain vous expliquera les différentes sortes de génioplasties utilisées en chirurgie maxillo-faciale.
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