Repère sur un crane pour analyse faciale à Nogent-sur-Marne - Dr Chardain

Analyse faciale

L’analyse faciale est l’étape diagnostique essentielle en chirurgie orthognathique.

Basée sur un examen clinique rigoureux et quelques examens complémentaires, elle permet l’étude du visage, de l’occlusion dentaire, et des fonctions oro-faciales.

L’objectif est de caractériser le plus précisément possible le type de dysmorphose, en vue de proposer au patient un traitement « sur mesure ».

Nous passerons en revue ici les principales étapes de l’analyse faciale orthognathique.

L’examen exobuccal

Il permet d’étudier le visage de face, de profil, au repos et au sourire.

De face : on analyse les proportions verticales du visage (hauteur des trois étages de la face). Il est important de dépister un excès ou une insuffisance de hauteur du visage et de déterminer son origine.

Certains signes sont soigneusement notés : crispation du menton, inocclusion labiale, visibilité excessive des incisives ou de la gencive.

Les proportions verticales de la face répondent à la règle des trois tiers :

  • le 1/3 supérieur : de la ligne chevelue à la ligne du sourcil
  • le 1/3 moyen : de la ligne du sourcil au point sous-nasal
  • le 1/3 inférieur : du point sous nasal au point menton.

Le tiers inférieur est lui-même divisé en trois tiers, la lèvre supérieure en constituant le tiers supérieur.

Schéma des proportions verticales de la face - Dr Chardain Nogent-sur-Marne

La largeur de la face est également étudiée, et divisée en cinq parties égales. En situation normale, les ailes du nez sont alignées avec les angles internes des yeux, et les commissures labiales sont alignées avec les pupilles.

Schéma des cinq parties du visage égales de la largeur de la face - Dr Chardain

Une asymétrie faciale (ou du menton) est soigneusement recherchée.

On notera également le découvrement incisif au repos et au sourire. Ce paramètre est essentiel dans la chirurgie du maxillaire, car son impact esthétique est important.

En situation normale, les incisives maxillaires sont visibles sur 2 à 3 mm au repos.

La gencive ne doit pas être visible sur plus de 1 mm au sourire. Au-delà de 3 mm de visibilité, on parle de sourire gingival.

Sourire « gingival » pour découvrement incisif normal - Dr Chardain Nogent-sur-Marne
Sourire « gingival » – Découvrement incisif normal

De profil, on recherche un décalage antéro-postérieur entre les mâchoires (on parle de décalage « sagittal »).

Nous utilisons une classification très simple basée sur l’utilisation de deux lignes perpendiculaires. Un profil facial équilibré est dit « ortho-frontal » : les lèvres et le menton sont sensiblement tangents à la ligne verticale.

Illustration d'un profil ortho-frontal - Dr Chardain Nogent-sur-Marne
Profil ortho-frontal

Le profil est dit « cis-frontal » lorsque les lèvres et le menton sont en retrait, et « trans-frontal » lorsqu’ils sont en avant de cette ligne.

Profil cis-frontal et profil trans-frontal - Dr Chardain Nogent-sur-Marne
Profil cis-frontal – Profil trans-frontal

On mesure également l’angle naso-labial (entre la lèvre supérieure et le nez) : ce paramètre est très important pour la chirurgie du maxillaire. Chez la femme, l’angle naso-labial est de 95 à 100° voire 110°, et un peu plus fermé chez l’homme.

Schéma de l’angle naso-labial pour traitement des traumatismes faciaux - Dr Chardain

On analyse ensuite le sillon labio-mentonnier (entre la lèvre inférieure et le menton), sa profondeur, la position de la lèvre inférieure, ainsi que la morphologie du menton (hauteur, forme, taille et projection).

Enfin, les tissus mous (peau, tissu sous cutané, musculature faciale, tonicité et longueur de la lèvre supérieure, profondeur des plis naso-géniens, empâtement de la région sous mentale…) sont analysés, afin d’éviter tout résultat disgracieux après mobilisation des pièces squelettiques.

L’étude des fonctions termine l’examen exobuccal : déglutition primaire ou secondaire ; respiration buccale ou nasale ; phonation. Un soin particulier est apporté à l’étude des articulations temporo-mandibulaires (douleurs, claquements, difficultés d’ouverture…)

L’examen endobuccal

Il évalue l’état de la dentition, recherche des foyers infectieux, et des signes d’usure dentaire pouvant évoquer un bruxisme. On recherche également des agénésies (dents absentes de façon congénitale) , et la présence de dents de sagesse.

La forme du palais est analysée (étroit ou ogival). On recherche un encombrement dentaire, une béance, une bascule du plan d’occlusion, et on contrôle le centrage des milieux inter incisifs.

Dans le sens transversal, on recherche une endognathie, conséquence de l’étroitesse du maxillaire. Cette anomalie se traduit par une inversion d’articulé dans les secteurs latéraux; elle peut être uni ou bilatérale, et parfois être compensée (si les dents s’inclinent vers l’extérieur).

Dans le sens sagittal, on caractérise le type de malocclusion selon la classification d’Angle.

Cette classification est basée sur les positions relatives des molaires maxillaires et mandibulaires.

Angle a décrit la Classe I qui correspond à la normalité (première molaire mandibulaire légèrement en avant de la première molaire maxillaire), la classe II ou distocclusion molaire (la molaire mandibulaire est en arrière), et la classe III ou mésiocclusion molaire (la molaire mandibulaire est en avant).

Comme nous le verrons, ces malocclusions s’associent à des profils squelettiques particuliers :

  • les classe II dentaires s’associent à des rétrognathies (profils cis-frontaux avec mandibule en retrait et menton fuyant)
  • les classe III dentaires s’associent à des prognathies (profils trans-frontaux avec mandibule en avant)

Types de malocclusions selon la classification d’Anglee - Dr Chardain Nogent-sur-Marne
Le principal défaut de la classification d’Angle est qu’elle ne décrit les anomalies que sagittales (de profil). Les anomalies verticales et transversales ne sont pas prises en compte.

Il s’agit donc d’un élément parmi d’autres pour caractériser une dysmorphose.

Les examens complémentaires

Afin de compléter l’examen clinique, il est indispensable d’étudier des moulages, et des radiographies.

Les moulages servent à évaluer l’occlusion, et l’opérabilité. Pour que l’occlusion post opératoire soit satisfaisante, il faut vérifier sur des moulages récents que les dents s’emboîtent convenablement. L’étude des moulages permet également une analyse précise du sens transversal (« largeur du palais »).

Moulages en début et en fin de préparation orthodontique (classe III)

Les radiographies (et souvent le cone beam) permettent de localiser le nerf alvéolaire inférieur, d’analyser la morphologie de la mandibule, de rechercher la présence de dents de sagesse.

La téléradiographie permet de tracer une analyse céphalométrique : il s’agit d’un ensemble de lignes et d’angles permettant de diagnostiquer le type d’anomalie squelettique. Certains axes ont une importance fondamentale (axe incisif, plan d’occlusion notamment).

Schéma d'une analyse cephalométrique de Delaire - Dr Chardain
Analyse céphalométrique de Delaire

A l’issue de la première consultation, des photos ont été prises et un diagnostic posé. En cas de nécessité des examens d’imagerie ont été prescrits ou des moulages demandés. Le plus souvent, le geste à réaliser est déterminé au cours de cette première consultation.

Ce geste peut être une chirurgie du maxillaire (avancée, remontée, élargissement), de la mandibule (avancée, recul, recentrage), du menton (avancée, réduction de hauteur, recentrage), et plus rarement des angles mandibulaires (réduction ou augmentation). Ces différents gestes peuvent être combinés.

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