Autres lésions des machoiresDr Chardain Nogent-sur-Marne

Autres lésions des mâchoires

A côté des kystes et tumeurs osseuses, de nombreuses autres lésions des mâchoires peuvent être observées.

Le plus souvent bénignes, leur diagnostic est parfois difficile à poser, et certaines d’entre elles nécessitent une surveillance particulière.

Nous présenterons uniquement ici les lésions les plus fréquemment rencontrées.

En marge des lésions osseuses, nous évoquerons également les lésions muqueuses les plus courantes.

Lésions osseuses

Les lésions osseuses maxillo-mandibulaires les plus fréquentes sont les kystes et les tumeurs, que nous avons décrits précédemment.

D’autres atteintes osseuses sont également courantes. Parmi elles, citons les exostoses (« torus ») mandibulaires ou maxillaires , les chondromes (origine cartilagineuse), les ostéomes (origine osseuse), et les dysplasies fibreuses.

Si l’aspect clinique et radiographique de ces lésions est souvent évocateur, la confirmation diagnostique est nécessairement apportée par l’examen microscopique. La démarche clinique reste la même que celle décrite précédemment.

Nous ne présenterons pas ici l’ensemble des lésions osseuses des mâchoires, mais donnerons simplement quelques informations sur trois lésions particulières ou fréquentes.

Les torus ou exostoses
Il s’agit de lésions extrêmement fréquentes. Elles sont constituées de tissu osseux de structure normale, et réalisent des excroissances régulières et indolores localisées le plus souvent à la face interne de la mandibule ou au niveau du palais, sur la ligne médiane. Leur traitement n’est pas systématique, mais s’envisage lorsqu’il existe une gêne (notamment pour le port de prothèses dentaires) ou que la lésion devient très volumineuse.

Radio d'un Torus mandibulaire - Dr Chardain Nogent-sur-Marne
Torus mandibulaire

Les dysplasies fibreuses
Ce sont également des lésions fréquemment observées, tant chez l’enfant que chez l’adulte. Le plus souvent asymptomatiques, elles peuvent lorsqu’elles sont volumineuses occasionner une tuméfaction faciale parfois volumineuse, voire exercer une compression sur certains éléments « nobles » (nerf infra orbitaire, nerf optique…)

Les dysplasies fibreuses réalisent souvent des atteintes polyostotiques : elles peuvent toucher la région maxillo-mandibulaire, mais également la région orbitaire et crânienne. Ces lésions sont à risque de dégénérescence sarcomateuse, et leur surveillance doit être rapprochée.

L’os dysplasique est également beaucoup plus vulnérable aux surinfections d’origine dentaire, raison pour laquelle les patients porteurs d’une atteinte maxillo-mandibulaire doivent avoir un suivi dentaire rigoureux.

Dysplasie fibreuse du ramus mandibulaire gauche - Dr Chardain Nogent-sur-Marne
Dysplasie fibreuse du ramus mandibulaire gauche

Dysplasie fibreuse hémifaciale gauche - Dr Chardain Nogent-sur-Marne
Dysplasie fibreuse hémifaciale gauche

Les ostéonécroses
Les ostéonécroses des mâchoires consistent en une dévascularisation d’une zone plus ou moins étendue du maxillaire et/ou de la mandibule. Ces lésions sont le plus souvent d’origine iatrogène, et déclenchées par une intervention chez une patient à risque.

Elles peuvent se voir après radiothérapie cervico-faciale (dans le contexte de cancers des voies aéro-digestives supérieures) ou secondairement à l’administration de médicaments luttant contre la résorption osseuse (en particulier par voie intra-veineuse dans le cadre de pathologies tumorales, mais parfois après traitement par voie orale dans un contexte d’ostéoporose).

Les ostéonécroses avérées se manifestent classiquement par une ouverture de la gencive, avec exposition d’os nécrotique, qui va secondairement s’infecter, et peut s’éliminer sous forme de débris osseux (« séquestres »).

La fragilisation de la mâchoire peut parfois aboutir à des fractures pathologiques. Les traitements chirurgicaux de l’ostéonécrose sont souvent décevants, et il importe surtout d’agir en termes de prévention, afin que les patients à risque en informent leurs praticiens avant toute chirurgie buccale.

Lésions muqueuses

Elles peuvent toucher l’ensemble de la cavité orale : lèvres, langue, plancher buccal, gencives, palais, faces internes de joues.

La priorité est de ne pas méconnaître une lésion tumorale ou pré-cancéreuse. La muqueuse buccale est en effet vulnérable aux carcinogènes (tabac et alcool), et certaines pathologies peuvent précipiter l’apparition de lésions cancéreuses, y compris chez des non-fumeurs.

En pratique, il existe une grande variété de lésions dont la plupart sont bénignes.

Lésions muqueuses bénignes

Les lésions plus fréquemment observées sont :

  • Epulis : bourgeon charnu de fibromuqueuse, généralement localisé à la gencive, favorisé par la grossesse.
  • Diapneusie : excroissance muqueuse de la face interne des joues ou des lèvres, favorisée par les tics de mordillement ou d’aspiration de la muqueuse
  • Kystes mucoïdes : il s’agit de kystes situés au niveau de la face interne des lèvres, résultant de l’hypertrophie d’une glande salivaire accessoire.
  • Papillomes : ces lésions très fréquentes sont d’origine virale (papillomavirus), et constituent généralement de petites lésions d’allure nacrée. Elles peuvent se localiser en tout point de la cavité orale (langue, lèvres, palais…). Certains types de papillomavirus sont associés avec les carcinomes épidermoïdes.
  • Lichen plan : les lichens plans sont des lésions dermatologiques pouvant atteindre la muqueuse buccale. Leur origine est mal connue, et leur évolution se fait par poussée. Différentes formes existent, et le traitement n’est pas systématique. Le lien avec les carcinomes épidermoïdes n’est pas précisément établi.

Lésions muqueuses malignes

En augmentation ces dernières années, les tumeurs malignes de la cavité orale représentent 25% des cancers des voies aéro-digestives supérieures.

Il importe d’en connaître les facteurs de risque et d’en faire le diagnostic précocement afin d’augmenter les chances de guérison.

Le carcinome épidermoïde est de loin la tumeur la plus fréquente. Favorisée par le tabac et l’alcool, elle touche préférentiellement les hommes après 50 ans, bien que la proportion de femmes soit en augmentation.

Certaines lésions muqueuses sont classiquement considérées comme à risque et doivent faire l’objet d’une surveillance : lichen plan, papillomatose orale floride, leucoplase inhomogène.

Généralement il s’agit d’une lésion ulcérée et / ou bourgeonnante ne guérissant pas chez un patient présentant des facteurs de risques. Différents signes peuvent s’y associer (amaigrissement, difficultés alimentaires ou d’élocution, douleurs, adénopathies…)

L’objectif est de confirmer le diagnostic au plus vite en réalisant une biopsie, puis de réaliser un bilan d’extension loco-régional et à distance. La stratégie thérapeutique sera validée en centre spécialisé.

Beaucoup plus rarement, on peut observer des adénocarcinomes, notamment développés aux dépens de glandes salivaires accessoires. Le diagnostic repose sur la biopsie et le traitement associe généralement de la chirurgie et de la radiothérapie. Il est réalisé en centre spécialisé.

De nombreuses autres lésions muqueuses malignes existent mais leur fréquence est bien moindre, nous ne les citerons pas ici.

Le diagnostic des lésions muqueuses repose le plus souvent sur l’analyse d’une biopsie réalisée en consultation. Le traitement est fonction de la nature de la lésion.

Chirurgie des lesions osseuses des machoires