Génioplasties : En pratique

Une génioplastie est une intervention de chirurgie maxillo-faciale permettant de corriger les anomalies de position ou de dimension du menton.

Ce geste a un impact esthétique fort sur l’harmonie faciale, de face comme de profil.

La génioplastie est également très intéressante sur le plan fonctionnel, en particulier chez les patients qui ne parviennent pas à mettre leurs lèvres en contact sans contracter les muscles du menton (« incompétence labiale »).

Quel est le parcours patient avant une génioplastie ?

La première étape est une consultation au cabinet de chirurgie maxillo-faciale, afin de définir la demande du patient, et de confirmer la faisabilité du geste.

Au cours de cette consultation, des photos sont réalisées, et le geste est précisément expliqué.

Les facteurs de risque de mauvais résultat sont soigneusement recherchés (tabagisme, anomalies de coagulation, pathologie osseuse sous-jacente…)

Un scanner mandibulaire est également réalisé afin de localiser le nerf alvéolaire inférieur.

Enfin, un consentement et un devis sont remis au patient. Un délai de réflexion de 15 jours minimum est exigé avant de planifier l’intervention. Lorsque le patient confirme son souhait d’être opéré, une date d’intervention est définie.

Habituellement, les patients rentrent à la clinique le matin et l’intervention, et sortent le lendemain matin (ou parfois le jour même).

Un dossier préopératoire est remis au patient : celui-ci contient une prescription pour un bilan sanguin, une lettre pour le médecin anesthésiste, une ordonnance de médicaments, un devis, une prescription de kinésithérapie, et dans certains cas la prescription d’une machine de cryothérapie à domicile.

La consultation avec l’anesthésiste doit avoir lieu dans le mois qui précède l’intervention, et au plus tard 48 heures avant. Il est conseillé aux patients fumeurs d’arrêter de fumer 15 jours avant la chirurgie. Le jour de l’intervention, le patient se présente à la clinique à jeun, en ayant pris une douche à la Bétadine.

Comment se déroule une génioplastie ?

Une génioplastie se déroule sous anesthésie générale.

La durée de l’intervention est d’environ 1 heure à 1h30 selon le type de génioplastie ou l’association avec un autre geste.

Il n’y aucune incision sur la peau : tout se passe par l’intérieur de la bouche, et la cicatrice est dissimulée au niveau de la gencive inférieure.

Le principe de l’intervention est de réaliser une section osseuse du menton (ostéotomie) : celui-ci est libéré de façon à pouvoir le mobiliser et le repositionner correctement. La section osseuse est exclusivement réalisée par piézochirurgie : il s’agit d’une technique basée sur l’utilisation des ultrasons, qui est infiniment plus douce pour les tissus mous que les instruments conventionnels (scies ou fraises).

La forme du menton est modelée pendant la chirurgie, puis ce dernier est positionné harmonieusement, de façon à corriger l’anomalie de départ. Selon les cas, le menton peut être avancé, remonté, reculé, recentré ou abaissé. Le menton est maintenu dans sa nouvelle position au moyen de mini-plaques vissées en titane : c’est l’ostéosynthèse. Sauf cas particulier, ce matériel est conservé à vie, sans aucune conséquence pour le patient.

A noter que nous n’utilisons jamais de prothèse de menton en silicone ou autre matériau synthétique.

Dans certains cas, une greffe osseuse est réalisée dans le même temps, en particulier en cas d’abaissement du menton (pour combler l’espace) ou en cas d’avancée importante (pour atténuer la « marche d’escalier »).

En fin d’intervention, la gencive est suturée avec un fil résorbable de petite taille.

Enfin, pour permettre un bon redrapage des tissus mous, on applique une mentonnière adhésive sur la peau du menton, et qui sera retirée au troisième jour post-opératoire.

Comment se passe l’hospitalisation pour une génioplastie ?

L’admission à lieu le matin même de l’intervention. Le patient doit être à jeun, et douché à la Bétadine. L’intervention dure 1 heure à 1 heure 30 en général.

En sortant du bloc opératoire, une surveillance de 1 heure est réalisée en salle de réveil. Nous utilisons systématiquement un masque de cryothérapie dès la salle de réveil. Ce dispositif permet de délivrer une température constante de 15°C, associé à une légère compression. La cryothérapie précoce permet de réduire significativement les douleurs, l’œdème et les ecchymoses. Il est possible d’utiliser ce dispositif à domicile les premiers jours. A défaut, nous recommandons d’utiliser de simples poches de froid.

Une fois la phase de réveil passée, le patient est reconduit dans sa chambre.

Le plus souvent, les patients restent hospitalisés une nuit après l’intervention, et sortent le lendemain matin.

Sauf cas particulier, le geste peut également être réalisé en ambulatoire (sortie de l’hôpital le jour même). Cette option nécessite qu’un accompagnant soit à vos côtés pour le retour à domicile. Un contact téléphonique est alors pris le lendemain matin.

Quelles sont les suites opératoires après une génioplastie ?

Une génioplastie est habituellement peu douloureuse. Un traitement antalgique simple est généralement prescrit, de même qu’un traitement antibiotique afin de limiter le risque d’infection.

L’alimentation doit être tendre au début, pour ne pas blesser la cicatrice. Le brossage des dents et les bains de bouche doivent être faits soigneusement ; une brosse adaptée et une solution antiseptique seront prescrits à cet effet.
La mentonnière élastique est retirée au 3ème jour post opératoire.

Les principaux symptômes de la phase post-opératoire sont l’œdème (gonflement) et l’hypoesthésie (diminution de sensibilité de la lèvre et du menton). Ces deux symptômes sont normaux et transitoires.

L’œdème a en grande partie régressé en une dizaine de jours ; néanmoins le résultat esthétique final ne sera appréciable qu’au bout de 6 mois.

Des séances de kinésithérapie maxillo-faciale sont fréquemment prescrites afin de réaliser un drainage lymphatique, accélérant ainsi la fonte de l’œdème. Ces séances permettent aussi de tonifier la sangle musculaire péri-buccale (orbiculaire) et les muscles de la houppe du menton.

La diminution de sensibilité n’est pas systématique, et même de plus en plus rare depuis l’utilisation de la piézochirurgie. Lorsqu’elle est présente, elle régresse habituellement en quelques semaines, d’autant plus rapidement que l’on est jeune et non-fumeur.

En cas de nécessité, des exercices d’auto-rééducation seront prescrits.

La consolidation osseuse sera acquise au bout de 6 semaines (45 jours environ) : cela signifie qu’il faut éviter tout choc direct sur le menton pendant la convalescence (en particulier éviter les sports à risques).

Au cours de la convalescence, vous serez suivi(e) en consultation à J7, J21 et J45. Une radiographie de contrôle est réalisée dès le premier RDV post-opératoire. Nous faisons habituellement un dernier contrôle à 1 an.

Lorsque le patient souhaite le retrait des plaques, nous le programmons environ 18 mois après la chirurgie initiale.

Quels sont les risques d’une génioplastie ?

Les génioplasties sont des interventions sûres et bien codifiées, dont les complications sont exceptionnelles.

Autrefois, la principale complication était l’hématome du plancher buccal : la formation d’un hématome sous la langue pouvant engendrer des difficultés respiratoires.

Aujourd’hui, cette complication a quasiment disparu du fait de l’utilisation de la piézochirurgie, et de l’amélioration des moyens de contrôle de l’hémostase (saignements).

Le principal risque est la persistance d’une diminution de sensibilité de la lèvre inférieure ou du menton. Au cours de la génioplastie, nous devons écarter le nerf responsable de la sensibilité de cette région, et il peut arriver que ce nerf récupère moins vite ou incomplètement chez certains patients ; on estime que 5% des patient peuvent conserver un trouble sensitif au-delà de la troisième année.

Les autres risques sont exceptionnels :

  • Risque anesthésique
  • Infection post-opératoire
  • Nécrose ou mortification dentaire par atteinte des racines
  • Blessure des lèvres par les instruments chirurgicaux
  • Saignement pendant la chirurgie
  • Positionnement asymétrique du menton
  • Mauvaise consolidation osseuse (pseudarthrose) notamment chez les fumeurs
  • Fracture ou déplacement du matériel d’ostéosynthèse
  • Mauvaise adaptation des tissus mous (ptose du menton)

Dans l’immense majorité des cas, les génioplasties connaissent des suites simples, et l’impact esthétique de ce geste est généralement très appréciable.

Les résultats d’une génioplastie

  • Ostéotomie mandibulaire et génioplastie (avant / après)

    Classe II squelettique hypodivergente avec sillon labio-mentonnier très marqué. Ostéotomie d’avancée mandibulaire et génioplastie avec greffe permettant la normalisation de l’occlusion dentaire et l’harmonisation du profil facial, avec comblement du sillon labio-mentonnier.

  • Génioplastie d’avancée (avant / après)

    Classe II squelettique avec rétrogénie et empâtement cervico-mentonnier. La patiente ayant refusé une ostéotomie mandibulaire, une génioplastie de propulsion de 10 mm associée à une greffe a été réalisée. Ce geste a permis de corriger le profil, et en particulier d’allonger la région sous-mentale.

  • Génioplastie d'avancée réduction de hauteur (avant / après)

    Rétrogénie associée à une éversion de la lèvre inférieure. Une génioplastie d’avancée de 8 mm a permis de repositionner le menton, et favorise le contact labial de repos. Les dents de sagesse ont été extraites dans le même temps.

  • Génioplastie d’avancée réduction de hauteur (avant / après)

    Incompétence labiale en rapport avec un excès de hauteur du menton. La génioplastie d’avancée de 6 mm permet de redéfinir les contours du menton, d’harmoniser le profil, et de normaliser la hauteur faciale.

  • Génioplastie d’avancée réduction de hauteur (avant / après)

    Patient présentant une rétrogénie avec incompétence labiale et des contours du menton peu définis. La génioplastie (+ 10 mm) associée à une greffe osseuse a permis d’améliorer le profil facial, de créer un menton moins fuyant, et de restaurer un contact labial de repos. Les dents de sagesse ont été extraites dans le même temps.

  • Génioplastie d’avancée réduction de hauteur (avant / après)

    Patiente présentant une incompétence labiale sur un schéma facial hyperdivergent (excès de hauteur). Traitement par génioplastie d’avancée de 6 mm et réduction de hauteur de 3 mm, permettant d’obtenir un contact labial sans crispation, des lèvres plus fines, et une meilleure définition du menton et de la région cervico-mentonnière.

  • Génioplastie d’avancée réduction de hauteur (avant / après)

    Patiente présentant une incompétence labiale dans le cadre d’une rétrogénie et excès vertical de la symphyse qui apparaît très plate. La génioplastie permet de restaurer des contacts labiaux de repos sans crisaption, et un profil équilibré avec allongement de la distance cervico-mentonnière.

  • Génioplastie d'avancée réduction de hauteur (avant / après)

    Patiente présentant une rétrogénie avec excès vertical de la symphyse. La génioplastie permet d’allonger la distance cervico-mentonnière, de réduire la hauteur et de redéfinir les contours du menton. Le contact entre les lèvres se fait sans crispation.

  • Génioplastie d’avancée et réduction de hauteur (avant / après)

    Patiente présentant une rétrogénie avec incompétence labiale. Traitement par génioplastie d’avancée de 8 mm avec greffe osseuse, qui permet d’obtenir un profil harmonieux, un menton mieux dessiné et une compétence labiale de repos.

  • Génioplastie d’avancée et réduction de hauteur (avant / après)

    Patient présentant une rétrogénie avec excès de hauteur symphysaire. La génioplastie permet de recréer les contours du menton, en particulier le sillon labio-mentonnier, d’en augmenter la projection, et d’obtenir un contact bilabial de repos.

  • Génioplastie d’avancée et d’augmentation de hauteur (avant / après)

    Patiente adulte présentant une rétrogénie avec petit empâtement sous mental. L’avancée du menton (+ 6 mm) permet de retendre les tissus mous (“double menton”) et d’en redéfinir les contours. La hauteur de l’étage inférieur du visage s’en trouve également augmentée.

  • Ostéotomie d’avancée mandibulaire et génioplastie (avant / après)

    Classe II squelettique avec rétrogénie. L’intervention permet de corriger l’occlusion dentaire (classe II), d’obtenir un profil facial équilibré, avec allongement de la région cervico-mentonnière, un contact labial de repos, et une meilleure définition du galbe du menton

  • Ostéotomie d’avancée mandibulaire et génioplastie (avant / après)

    Classe II squelettique avec rétrogénie traitée par ostéotomie d’avancée mandibulaire et génioplastie. L’occlusion est normalisée avec obtention d’une classe I canine et correction du surplomb, et le profil harmonisé, avec allongement de la distance cervico-mentonnière. La génioplastie permet une meilleure définition du menton et l’obtention d’un contact bilabial de repos.

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