Kystes et tumeurs des mâchoires

Les kystes et tumeurs des mâchoires sont les lésions les plus fréquentes de la région maxillo-mandibulaire.

Généralement bénins et simples à traiter, les kystes et tumeurs des mâchoires posent parfois des problèmes diagnostiques ou thérapeutiques.

Nous en présentons ici les principales caractéristiques.

Kystes des mâchoires

Les kystes des mâchoires sont les lésions les plus fréquentes. Il s’agit de lésions cavitaires développées au sein du maxillaire ou de la mandibule. Il en existe de nombreux types, d’origine dentaire ou non.

Les kystes infectieux

Les kystes infectieux sont les plus répandus. Ils résultent de l’évolution intra osseuse d’une infection d’origine dentaire, par voie canalaire, parodontale ou mixte. A noter qu’il peut s’agir de dents précédemment dévitalisées et dont le traitement obturateur a été insuffisant, ou de dents mortifiées dans les suites de l’évolution d’une lésion carieuse.

La prise en charge de ces kystes nécessite souvent une intervention au niveau dentaire : retraitement canalaire dans certains cas, curetage du kyste et résection apicale dans d’autres cas, combinaison des deux approches parfois.

Ces différentes approches ont pour but de tenter de sauver la dent causale, tout en traitant le foyer infectieux. Malheureusement leur taux de succès n’est pas de 100%, et l’extraction de la dent causale reste souvent nécessaire d’emblée, en particulier pour les lésions volumineuses.

Les kystes folliculaires

Aussi appelés kystes dentigères, ils sont également fréquemment rencontrés. Ils sont en rapport avec la prolifération des enveloppes d’une dent incluse (le sac folliculaire), et peuvent occasionner des épisodes inflammatoires ou infectieux. Le traitement des kystes folliculaires associe l’énucléation du kyste et l’extraction de la dent incluse.

Kératokystes

Une attention spécifique doit être portée aux kératokystes : ces lésions odontogènes bénignes ont une agressivité locale, et un risque élevé de récidive. Leur présentation clinique et radiologique est souvent évocatrice. Le traitement doit être radical et la surveillance prolongée.

Autres kystes

D’autres kystes des mâchoires non liés aux dents sont également fréquents. Le plus classique est le kyste naso-palatin qui peut occasionner des épisodes douloureux dans la région palatine en arrière des incisives, et qui appartient à la famille des kystes fissuraires.

Tumeurs des mâchoires

Les tumeurs des mâchoires se caractérisent par une prolifération cellulaire, lytique ou condensante, localisée au maxillaire et / ou à la mandibule. Ces lésions peuvent être bénignes ou malignes, odontogènes ou non odontogènes. Nous en présenterons ici les principaux types.

Tumeurs bénignes des mâchoires

Il existe de nombreux types de tumeurs bénignes des mâchoires. Leur nature exacte est le plus souvent déterminée après analyse microscopique de la pièce opératoire. Dans d’autres cas, la présentation clinique et radiologique sont d’emblée évocatrices, mais il convient d’être prudent car de nombreux pièges existent.

Le traitement de ces lésions n’est pas systématique si le caractère bénin est évident et qu’elles n’occasionnent aucune gêne. Lorsqu’il est indiqué, le traitement est chirurgical.

Parmi les lésions odontogènes les plus fréquentes, citons les fibromes cémento-ossifiants (constitués de cément et d’os), réalisant volontiers des atteintes polyostotiques, et les hamartomes (ou odontomes, qui sont généralement constitués de dépôts d’émail dentaire).

L’améloblastome est une lésion particulière d’origine dentaire. Cette tumeur se développe à l’intérieur de l’os, qui est progressivement détruit. L’aspect radiologique est souvent caractéristique, et le risque de récidive élevé.

L’améloblastome ayant une agressivité pseudo-tumorale, le traitement doit être radical (résection passant à distance de la lésion). La surveillance doit être prolongée car des récidives tardives sont possibles.

Les tumeurs bénignes non odontogènes sont dominées par les ostéomes, les torus maxillaires ou mandibulaires, les chondromes ou les dysplasies fibreuses.

Tumeurs malignes des mâchoires

Les tumeurs malignes odontogènes (sarcome et carcinome odontogéniques) sont exceptionnelles. Certains signes radiologiques et cliniques sont d’emblée évocateurs.

Plus fréquentes sont les localisations maxillo-mandibulaires de tumeurs malignes non odontogènes : sarcomes, métastases, hémopathies. Là encore, le contexte et l’imagerie permettent de suspecter la nature de ces lésions.
La suspicion de tumeur maligne est souvent présente dès la consultation. Le traitement de ces lésions se fait généralement en centre spécialisé à l’issue d’une réunion de concertation pluri-disciplinaire.

Généralités sur le traitements des kystes et tumeurs

La prise en charge d’un kyste ou d’une tumeur des mâchoires dépend de nombreux paramètres. Nous présenterons ici les grandes lignes des traitement habituellement proposés.

Kystes

Les kystes odontogènes infectieux (les plus fréquents) peuvent être pris en charge au cabinet.

On réalise généralement l’énucléation du kyste (c’est-à-dire son retrait), qui est adressé au laboratoire d’anatomo-pathologie. Lorsque cela est indiqué, un geste est réalisé sur l’extrémité de la racine dentaire (résection apicale), et une obturation du canal dentaire est associée pour limiter le risque de récidive. L’intervention se fait par une incision au niveau de la gencive, et nécessite une convalescence de quelques jours.

Cette prise en charge ne permet malheureusement pas de bons résultats dans tous les cas, et l’extraction dentaire reste souvent nécessaire.

Les kystes osseux les plus volumineux, qu’ils soient odontogènes ou non, sont le plus souvent pris en charge sous anesthésie générale. Le principe est de retirer l’ensemble de la lésion, tout en respectant les structures « nobles » (nerf alvéolaire inférieur, racines dentaires, sinus…). L’extraction d’une ou plusieurs dents est parfois nécessaire.

Dans certains cas, une greffe osseuse est réalisée dans le même temps afin de combler la cavité d’énucléation et de favoriser la ré-ossification, voire de permettre la pose ultérieure d’implants dentaires.

Tumeurs

Les tumeurs osseuses justifient généralement la réalisation d’une biopsie première. Le plus souvent, cette biopsie peut être réalisée au cabinet sous anesthésie locale. Le prélèvement est adressé au laboratoire d’anatomo-pathologie, et les résultats sont transmis sous trois semaines. Dans d’autres cas, la biopsie doit être réalisée au bloc opératoire ou sous sédation.

Le traitement curatif des tumeurs osseuses dépend de leur taille, de leur localisation et de leur nature. Pour les tumeurs osseuses bénignes de petite taille, l’objectif est de réaliser l’exérèse de la lésion sans endommager les structures de voisinage. A noter que pour certaines tumeurs osseuses sans risque évolutif, une simple surveillance peut être proposée.

En revanche, dans le cas de tumeurs osseuses bénignes plus volumineuses ou plus agressives, nous sommes amenés à réaliser des exérèse larges (on parle de « résection en bloc »), afin de réséquer l’ensemble de la lésion et de réduire le risque de récidive. Ces procédures imposent parfois la perte de certaines dents, voire d’un segment osseux important.

La reconstruction de tels défects osseux est souvent réalisée dans le même temps, mais nécessite parfois une ré-intervention en particulier lorsqu’il existe un doute diagnostique ou un risque infectieux.

Enfin, les lésions osseuses malignes seront prises en charge en centre spécialisé.

Le Docteur Chardain est spécialiste des lésions osseuses des mâchoires. Au cours de la consultation pré-opératoire, il saura vous informer et vous conseiller pour la prise en charge de ces lésions.