Génioplasties : Généralités

Le menton est un élément essentiel de l’harmonie faciale ; il contribue à donner au visage son caractère et sa personnalité.

Certains qualificatifs appliqués au menton sont d’ailleurs utilisables pour décrire le caractère d’une personne : on parle par exemple de menton « volontaire » ou de menton « fuyant ».

Anatomiquement, le menton est constitué par l’extrémité antérieure de la mâchoire inférieure (la symphyse mandibulaire). Pour autant, il ne peut être réduit à une simple proéminence osseuse, et doit être étudié comme un élément central de la face.

Qu’est-ce qu’une génioplastie ?

Il s’agit d’une intervention de chirurgie maxillo-faciale, qui peut être réalisée seule ou en association avec un autre geste chirurgical (ostéotomie des mâchoires, extraction des dents de sagesse par exemple)

La finalité d’une génioplastie est à la fois fonctionnelle et esthétique :

  • Amélioration de la compétence labiale : mise en contact spontané des lèvres au repos, favorisant la respiration nasale et la stabilité orthodontique
  • Amélioration du profil facial, en redessinant les contours du menton, de la région cervico-mentonnière, et la position de la lèvre inférieure

Avant d’envisager une éventuelle une génioplastie, il convient d’analyser soigneusement l’anomalie du menton ayant conduit le patient à consulter.

Comment analyser une anomalie du menton ?

Pour bien analyser les anomalies du menton, il faut étudier 4 paramètres :

  • le menton osseux, dans les trois plans de l’espace
  • les rapports maxillo-mandibulaires à la recherche d’une dysmorphose
  • les tissus mous de la région cervico-mentonnière (peau, pannicule adipeux)
  • la forme et la projection de la pyramide nasale

Le menton osseux

L’analyse se fait dans les trois plans de l’espace : sagittal, vertical, transversal.

  • Dans le sens sagittal :

Le menton peut être trop en avant (progénie) ou trop en arrière (rétrogénie).

  • Dans le sens vertical :

L’anomalie la plus fréquente est l’excès de hauteur du menton (hypsogénie).

  • Dans le sens transversal :

Le menton peut être trop large (macrogénie), trop étroit (microgénie), ou asymétrique (latérogénie).

Ces différentes anomalies sont fréquemment associées entre elles (ex : menton trop haut et trop reculé).

Les rapports maxillo-mandibulaires

Il est fondamental d’étudier la position du maxillaire et de la mandibule, ainsi que l’occlusion dentaire, notamment en cas d’anomalie sagittale du menton.
Le menton constitue en effet l’extrémité antérieure de mandibule (la symphyse mandibulaire).
Les anomalies de la mandibule sont fréquemment responsables du mauvais positionnement du menton : une mandibule en retrait (classe II) donnera souvent un menton en retrait, et inversement une mandibule en avant (classe III) donnera l’impression d’un menton proéminent.

Cette règle connaît des exceptions, notamment les classe II avec progénie relative, dont le traitement est différent (ostéotomie bi-maxillaire).
Les anomalies du maxillaire, notamment verticales, peuvent également générer des anomalies de position du point menton (phénomène « d’auto-rotation mandibulaire »).
Ainsi, dans certaines circonstances, la correction du menton nécessite surtout le repositionnement de la mandibule ou du maxillaire, sans forcément réaliser de génioplastie.

Les tissus mous

Pour bien analyser le menton, il faut prendre en compte les tissus mous, notamment la présence d’un empâtement cervico-mentonnier, en particulier lorsqu’on envisage une génioplastie de réduction.

En effet, un recul symphysaire (tout comme un recul mandibulaire) va diminuer le soutien cutané, et peut générer une ptose disgracieuse (double-menton, voire « witch chin »). Ceci est particulièrement vrai chez les patients présentant un empâtement cervico-mentonnier.

L’analyse du nez

La perception du menton étant fortement influencée par la projection du nez, ces deux sous-unités anatomiques doivent être analysées conjointement. Pour « caricaturer », un menton reculé donnera l’impression d’un nez volumineux… et sa correction par génioplastie atténuera cette impression.

Inversement, la modification de la projection nasale par rhinoplastie modifiera la perception que l’on a du menton. L’intrication de ces deux structures anatomiques est au cœur de ce que l’on appelle les profiloplasties.

Ainsi, après avoir analysé le menton, on caractérisera la projection de la pointe du nez, l’angle naso-labial, la morphologie du dorsum nasal, ou encore la présence d’une bosse ostéo-cartilagineuse.

Quelles sont les indications d’une génioplastie

Une génioplastie peut être indiquée en cas d’anomalie de position ou de dimension du menton.

  • Menton trop en arrière ou rétrogénie
  • Menton trop en avant ou progénie
  • Menton trop haut (hypsogénie) ou trop petit (microgénie)
  • Menton dévié d’un côté ou de l’autre (latérogénie)

Ces différentes anomalies peuvent se combiner entre elles.

Un mauvais positionnement du menton peut avoir des conséquences esthétiques (menton fuyant, crispation musculaire pour fermer les lèvres, double menton…) et fonctionnelles (inocclusion labiale, respiration buccale, bavage, instabilité orthodontique…)

Quels sont les types de génioplastie ?

Le type de génioplastie dépend de l’anomalie de départ.

Le plus souvent, nous réalisons des génioplasties d’avancée et de réduction de hauteur du menton.

Dans d’autres cas, nous réalisons des génioplasties d’augmentation de hauteur, avec greffe osseuse d’interposition, et parfois de génioplastie de recentrage ou de symétrisation en cas de latérogénie.

Les génioplasties de recul sont toujours faites avec précaution, en particulier chez les patients en surpoids : ce geste peut être à l’origine d’une ptose disgracieuse des tissus mous (« double menton »)

Lorsque l’anomalie touche également le rebord de la mandibule, la génioplastie s’étend vers l’arrière en direction des angles mandibulaires : cette intervention plus complexe est connue sous le nom de « mini-wing ». Le principal intérêt est un remodelage plus global des contours mandibulaires.

Les génioplasties par prothèse, surtout prisées des chirurgiens plasticiens, ne sont pas réalisées par le Docteur Chardain.

Les résultats d’une génioplastie

  • Ostéotomie d’avancée mandibulaire et génioplastie (avant / après)

    Classe II squelettique avec rétrogénie traitée par ostéotomie d’avancée mandibulaire et génioplastie. L’occlusion est normalisée avec obtention d’une classe I canine et correction du surplomb, et le profil harmonisé, avec allongement de la distance cervico-mentonnière. La génioplastie permet une meilleure définition du menton et l’obtention d’un contact bilabial de repos.

  • Ostéotomie d’avancée mandibulaire et génioplastie (avant / après)

    Classe II squelettique avec rétrogénie. L’intervention permet de corriger l’occlusion dentaire (classe II), d’obtenir un profil facial équilibré, avec allongement de la région cervico-mentonnière, un contact labial de repos, et une meilleure définition du galbe du menton

  • Génioplastie d’avancée et d’augmentation de hauteur (avant / après)

    Patiente adulte présentant une rétrogénie avec petit empâtement sous mental. L’avancée du menton (+ 6 mm) permet de retendre les tissus mous (“double menton”) et d’en redéfinir les contours. La hauteur de l’étage inférieur du visage s’en trouve également augmentée.

  • Génioplastie d’avancée et réduction de hauteur (avant / après)

    Patient présentant une rétrogénie avec excès de hauteur symphysaire. La génioplastie permet de recréer les contours du menton, en particulier le sillon labio-mentonnier, d’en augmenter la projection, et d’obtenir un contact bilabial de repos.

  • Génioplastie d’avancée et réduction de hauteur (avant / après)

    Patiente présentant une rétrogénie avec incompétence labiale. Traitement par génioplastie d’avancée de 8 mm avec greffe osseuse, qui permet d’obtenir un profil harmonieux, un menton mieux dessiné et une compétence labiale de repos.

  • Génioplastie d'avancée réduction de hauteur (avant / après)

    Patiente présentant une rétrogénie avec excès vertical de la symphyse. La génioplastie permet d’allonger la distance cervico-mentonnière, de réduire la hauteur et de redéfinir les contours du menton. Le contact entre les lèvres se fait sans crispation.

  • Génioplastie d’avancée réduction de hauteur (avant / après)

    Patiente présentant une incompétence labiale dans le cadre d’une rétrogénie et excès vertical de la symphyse qui apparaît très plate. La génioplastie permet de restaurer des contacts labiaux de repos sans crisaption, et un profil équilibré avec allongement de la distance cervico-mentonnière.

  • Génioplastie d’avancée réduction de hauteur (avant / après)

    Patiente présentant une incompétence labiale sur un schéma facial hyperdivergent (excès de hauteur). Traitement par génioplastie d’avancée de 6 mm et réduction de hauteur de 3 mm, permettant d’obtenir un contact labial sans crispation, des lèvres plus fines, et une meilleure définition du menton et de la région cervico-mentonnière.

  • Génioplastie d’avancée réduction de hauteur (avant / après)

    Patient présentant une rétrogénie avec incompétence labiale et des contours du menton peu définis. La génioplastie (+ 10 mm) associée à une greffe osseuse a permis d’améliorer le profil facial, de créer un menton moins fuyant, et de restaurer un contact labial de repos. Les dents de sagesse ont été extraites dans le même temps.

  • Génioplastie d’avancée réduction de hauteur (avant / après)

    Incompétence labiale en rapport avec un excès de hauteur du menton. La génioplastie d’avancée de 6 mm permet de redéfinir les contours du menton, d’harmoniser le profil, et de normaliser la hauteur faciale.

  • Génioplastie d'avancée réduction de hauteur (avant / après)

    Rétrogénie associée à une éversion de la lèvre inférieure. Une génioplastie d’avancée de 8 mm a permis de repositionner le menton, et favorise le contact labial de repos. Les dents de sagesse ont été extraites dans le même temps.

  • Génioplastie d’avancée (avant / après)

    Classe II squelettique avec rétrogénie et empâtement cervico-mentonnier. La patiente ayant refusé une ostéotomie mandibulaire, une génioplastie de propulsion de 10 mm associée à une greffe a été réalisée. Ce geste a permis de corriger le profil, et en particulier d’allonger la région sous-mentale.

  • Ostéotomie mandibulaire et génioplastie (avant / après)

    Classe II squelettique hypodivergente avec sillon labio-mentonnier très marqué. Ostéotomie d’avancée mandibulaire et génioplastie avec greffe permettant la normalisation de l’occlusion dentaire et l’harmonisation du profil facial, avec comblement du sillon labio-mentonnier.